SHE POWER

«LES éCHECS M’ONT PERMIS DE MURIR ET DE DEVENIR UNE MEILLEURE ATHLèTE»

Ceo

Médaillée d’or olympique, double vice-championne du monde, 19 fois vainqueur en Coupe du monde et trois fois vainqueur du globe de cristal de slalom géant: tels se résument les principaux succès de Viktoria Rebensburg, athlète et femme de caractère. Elle nous parle dans cette interview du ski de compétition, de la force mentale, de ses succès et de ses échecs.

De quoi a-t-on besoin pour devenir athlète de pointe?
En premier lieu du talent, ensuite de la discipline, de la motivation, de l’ambition et une bonne capacité d’autoévaluation. Et il faut bien entendu compter avec un peu de chance, pour ne pas se blesser gravement durant sa carrière. En outre, l’environnement et le cadre dans lequel on a grandi peuvent également avoir une influence sur le sport choisi, comme dans mon cas, car j’ai grandi juste à côté des pistes de ski. 

Qu’est-ce qui distingue un ou une athlète de haut niveau?
Je pense que tous les athlètes de classe mondiale ont fait preuve de persistance en plus de leur talent, tout d’abord pour atteindre leur niveau, et ensuite pour s’y maintenir et surmonter toutes les difficultés du quotidien. Compte tenu du stress et des risques élevés que comporte notre sport, il faut certainement aussi de la chance pour s’épargner des blessures. 

Quels sont tes atouts personnels?
Cela peut sembler bizarre, mais je dirais mon intuition. Mon style et ma technique se différenciaient quelque peu des autres, j’ai toujours skié de façon très intuitive. Je skie beaucoup au feeling, je ressens beaucoup la neige et l’énergie en provenance de mes skis. Plus précisément, j’adapte ma façon de skier, la pression que je mets sur les carres et la dérive en accord avec la situation et les conditions. Et en dehors de la pratique du ski elle-même, mon intuition m’a permis de renforcer ma confiance en moi. J’ai toujours essayé de suivre ma propre voie et de ne pas simplement accepter passivement toutes les décisions.

À quel point le business «ski de compétition» est-il exigeant?
C’est difficile de répondre à cette question. Les exigences imposées aux athlètes sont élevées, aussi bien physiquement que mentalement, il faut résister à la pression de l’industrie et savoir appréhender les dangers sur les pistes. On en attend beaucoup des athlètes, la concurrence est rude et les performances doivent être au rendez-vous. Ce dernier point influence fortement les primes de course et l’argent versé par les sponsors. Seuls quelques athlètes de haut niveau vivent très bien de leurs revenus. 

Quels sont les bons côtés et quels sont les côtés plus sombres du ski de compétition?
C’était très intéressant de pouvoir voyager dans le monde entier et de connaître de nouveaux endroits, de nouvelles cultures et de nouvelles personnes. J’ai particulièrement apprécié d’être entourée la plupart du temps d’une belle nature et de montagnes. Mais la dépendance aux conditions météorologiques, les longs trajets et les voyages souvent fatigants constituaient un gros défi. Je ne sais pas combien de séances d’entrainement et de courses ont été reportées ou annulées dans ma carrière, mais en tout cas le nombre est élevé. 

Où et comment renouvelais-tu tes forces?
Il est toujours difficile de reprendre son souffle durant la saison. On est soumis à une pression constante, une pression que l’on s’impose aussi naturellement soi-même. Dans ce contexte, il est important de savoir décompresser de temps en temps. Les moments passés chez moi, avec ma famille et mes amis, ont été très bénéfiques. Ces personnes m’ont toujours aidée à revenir sur terre et à retrouver des forces pour continuer.

Quelle est l’importance de la préparation mentale dans le ski de compétition?
La préparation mentale joue un très grand rôle, cet élément peut décider d’une élimination ou d’une réussite, d’une victoire ou d’une défaite, et dans les cas extrêmes, de la santé ou d’une blessure.

Quels sont les facteurs mentaux importants pour se sentir fort le jour?
Il faut avoir confiance en ses décisions, savoir se concentrer et se focaliser sur l’objectif, et être capable de transposer ses choix sur la neige. Il s’agit d’un processus que l’on applique et que l’on influence de façon toujours plus autonome au fil des années. Il faut surmonter ses craintes et ses doutes, renforcer sa confiance en soi, mieux se concentrer et faire en sorte que tout contribue à la réussite. Les succès qui en résultent prouvent ensuite que l’approche était la bonne. Et quand la carrière sportive se prolonge, l’expérience et la routine jouent naturellement aussi un rôle important. Toutes les situations vécues et surmontées rendent l’athlète plus solide et le fortifient mentalement.

Comment entraine-t-on la force mentale?
Avec l’aide d’un entraineur et aussi par soi-même. En tant qu’expert, l’entraineur analyse tout d’abord tes déficits par des discussions et par l’observation. Il s’efforce de déterminer les raisons de tes éventuelles faiblesses et problèmes comportementaux. Ensuite on élabore ensemble des stratégies pour contrer la situation. Il peut s’agir d’exercices de motivation, de visualisations, d’exercices de concentration et d’autoréflexion ou simplement d’un changement d’habitude. Plus l’expert et l’athlète travaillent sur le sujet, plus les choses deviennent claires et plus l’athlète peut effectuer cet entrainement de manière indépendante.

Force mentale ou condition physique. Qu’est-ce qui est le plus important et comment l’une influence-t-elle l’autre?
Je ne pense pas qu’il soit possible de porter un jugement définitif ici, car les deux éléments s’influencent mutuellement. Quand l’athlète se sent bien et est en forme, c’est aussi plus facile mentalement. Les deux doivent s’accorder pour obtenir le meilleur résultat possible. Je peux être extrêmement forte mentalement et donc augmenter mes performances sur le moment. Par exemple, si tout le monde bénéficie de conditions similaires en course et que l’écart de temps entre les concurrents est faible avant une deuxième manche, la force mentale fait la différence à la fin. Mais cela n’est possible que jusqu’à un certain point, après quoi les déficits physiques ne peuvent plus être compensés par la force mentale. Il n’est en général pas possible d’être au top de sa forme physique pendant toute une saison. Un petit rhume ou un stress inattendu en voyage, avec un manque de sommeil, suffit souvent pour ne plus être à 100%. Et plus l’on s’éloigne de son niveau de performances, plus la force mentale s’approche de ses limites.

En cas d’échec lors d’une course, comment efface-t-on les éventuels sentiments négatifs au départ de la suivante?
Le mieux est de se concentrer pleinement sur la manche à venir – on ne peut de toute façon pas changer la dernière course. Par contre, on peut toujours faire soi-même la différence dans la prochaine!

Comment gérer les critiques ou les influences négatives? Jusqu’à quel point les critiques peuvent-elles toucher un ou une athlète?
Se dérober aux critiques n’est à mon avis pas une solution, et ce n’est probablement même pas possible. Les critiques peuvent intervenir à des moments inattendus et, dans certains cas, elles peuvent affecter considérablement votre esprit, ce qui est tout à fait normal. Il est cependant important de différencier les types de critiques. Celles concernant mes performances sportives me touchaient naturellement plus. J’acceptais celles-ci et, le cas échéant, j’étudiais ce que je pouvais faire pour m’améliorer. Dans d’autres cas, les critiques ne sont par contre pas justifiées et il ne faut alors pas commencer à chercher de propres erreurs. Tout cela demande des années de pratique et il est utile de discuter des commentaires avec la famille, les entraineurs ou d’autres personnes de confiance. Il n’existe pas de réponse toute faite sur la meilleure façon de faire face aux critiques. Je pense qu’en fin de compte le plus important est de se sentir bien dans sa peau!

Quel a été le plus grand succès de ta carrière?
Il est difficile de restreindre ma carrière à un seul succès. Je suis devenue championne olympique très jeune, au début de ma carrière, ce fut mon premier vrai triomphe. Mes victoires en Coupe du monde de slalom géant, mes médailles d’argent aux championnats du monde de Vail et Are et ma médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sotchi signifient beaucoup pour moi, elles sont la preuve que je me suis maintenue au sommet durant de longues années. Ma dernière victoire à Garmisch, conquise dans des conditions difficiles, a aussi une énorme signification, car j’étais souvent proche des meilleures en descente. Être au sommet en descente également était un de mes grands objectifs avant la saison. Je suis fière de pouvoir dire que je me suis imposée dans les trois disciplines auxquelles j’ai participé et cette victoire en descente restera ainsi gravée pour toujours dans ma mémoire.

Et ton échec le plus retentissant?
Probablement aux championnats du monde de Saint-Moritz en 2017. Les espoirs de médailles étaient immenses, mais j’ai terminé quatrième en Super-G et j’ai été éliminée en slalom géant. C’est à ce point certainement le plus gros échec de ma carrière.

Comment procéder en cas d’échec et comment retrouve-t-on toutes ses forces?
Aujourd’hui je sais que les échecs m’ont permis de murir et de devenir une meilleure athlète, car ils m’ont obligée à remettre en question de façon plus approfondie mes processus d’entrainement et ma préparation aux courses. On peut se demander comment améliorer ses séances de musculation? Que faire dans le domaine du matériel? Comment mieux profiter de ses entrainements sur glacier? Que faire pour gagner en efficacité lors des courses? On dit souvent que c’est par l’échec que l’on apprend le plus… c’était certainement vrai dans mon cas.

La décision d’arrêter ta carrière en compétition a-t-elle été difficile à prendre?
Après 13 ans passés sur le circuit, c’est évidemment une décision difficile qui ne se prend pas à la légère du jour au lendemain. J’ai beaucoup réfléchi à ma retraite sportive durant les semaines précédant ma décision et j’ai également beaucoup discuté avec ma famille. Ma décision a muri petit à petit au cours de ce processus et bien qu’elle n’ait pas été facile à prendre, elle est devenue inéluctable à un certain moment.

Combien de temps passe-t-on réfléchir avant de prendre une telle décision?
J’ai toujours dit que trois facteurs étaient déterminants pour moi: me faire plaisir, être bien physiquement et avoir du succès. Après ma blessure au genou en février dernier à Garmisch, j’ai remarqué pendant les premiers mois de ski qu’il manquait quelque chose. Je n’ai pas retrouvé le niveau souhaité, celui qui m’aurait permis de me tenir au départ en me disant «je peux gagner cette course». La décision a donc muri progressivement, semaine après semaine, jusqu’à en être certaine: ça ne marche vraiment plus, j’arrête!

De quoi te réjouis-tu le plus maintenant?
Cet hiver je peux enfin faire ce pour quoi je n’ai jamais eu le temps. Je rencontre beaucoup de vieilles connaissances et d’amis, je sors souvent à pied ou à vélo en montagne, sans avoir à me soucier de mes performances sportives. J’en profite énormément en ce moment, je peux faire ce que je veux, sans aucune obligation.

Quels sont tes plus grands rêves et tes plans pour ton après-carrière?
La seule chose qui est sûre, c’est que j’aimerais continuer à vivre dans ma ville natale, à Tegernsee. J’y ai mes racines et je m’y sens bien, de sorte que mon avenir professionnel se déroulera probablement aussi là-bas. Je suis actuellement en train d’examiner différentes possibilités concernant mon orientation professionnelle. Et il y a aussi d’autres choses pour lesquelles j’ai plus de temps maintenant – mon projet «Fit & Aktiv» par exemple, que j’ai mis en place avec le ministère de l’État de Bavière et la laiterie Berchtesgadener Land. Nous proposons ce programme dans les écoles et lors de manifestations. L’objectif est de stimuler les enfants à faire de l’exercice, à bien manger et à apprendre à faire face aux situations difficiles et aux défis par leurs propres moyens.

#BuiltForShePower

DE PARIS À MALTERS VIA NEW YORK

Lydia a déjà visité de nombreux endroits dans le monde, et pas seulement pour y passer des vacances reposantes. Elle a entre autres étudié le modélisme et le stylisme à Paris durant trois ans, avant de déménager à New York, un des centres mondiaux de la mode. Son objectif était de créer sa propre marque de mode et devenir une créatrice en vue. Mais les choses se sont passées différemment.

Lydia est assise devant un grand bureau blanc, elle est concentrée, très concentrée. Elle jette de temps en temps un regard sur le nuancier qui se trouve juste à côté d’elle. Elle change parfois de crayon ou examine avec attention un tissu. Mais son regard se focalise principalement sur la grande feuille blanche placée directement devant elle. Elle dessine des vestes de ski de façon aussi minutieuse que créative. Elle utilise différentes combinaisons de couleurs, esquisse une série de modèles et fixe quelques détails, ajoute des nuances et détermine différentes coupes. De nombreuses idées sont couchées sur le papier, à la fois originales et complémentaires. «Je dessine actuellement différentes idées pour la collection féminine 2022/23, en me basant pour cela sur différentes tendances vestimentaires à venir», nous explique Lydia.

Collection féminine 2022/23? Lydia parle ici de la future collection de vêtements de ski Stöckli. Cela fait près d’une année que la styliste et créatrice travaille pour le fabricant suisse de skis à Malters. Elle conçoit et dessine les collections de vêtements de ski Stöckli en compagnie de sa collègue d’équipe et de sa mentore. Lydia se concentre sur les femmes, tandis que sa partenaire de travail œuvre sur la collection masculine. Chacune crée de cette manière environ 140 pièces, un chiffre qui ne cesse de croitre au fil des années.

Créatrice de produits chez Stöckli à Malters… mais qu’en est-il donc des podiums de mode à New York? «J’ai fait une croix là-dessus», déclare-t-elle, avant de poursuivre: «Ça n’a pas marché, il faut accepter de voir la réalité en face. J’ai énormément appris durant mon séjour à New York et je ne serais pas là où je me trouve aujourd’hui sans avoir vécu cette expérience extraordinaire.» Cette affirmation la fait sourire, et même rayonner, comme toujours quand Lydia raconte sa vie. «New York a exigé beaucoup de moi, la ville est un rêve, mais est aussi très superficielle. Un jour tu es géniale et le lendemain plus personne ne s’intéresse à toi. Mais New York m’a appris à ne jamais abandonner. Si tu tombes, tu te relèves et tu continues à te battre, encore et encore. Cela m’a permis de trouver ma place et je fais maintenant le plus beau métier du monde», dit-elle avec enthousiasme.

Être créatrice de produits chez Stöckli, que signifie cela exactement? «Nous sommes une petite équipe de trois personnes et nous faisons pratiquement tout nous-mêmes. Nous analysons les tendances, définissons notre groupe cible, créons des moodboards, c’est-à-dire des planches visuelles, dessinons des esquisses, déterminons les matières et les couleurs, élaborons les fiches de travail détaillées pour la production et la couture, inspectons les prototypes, apportons des modifications, vérifions la qualité, menons des négociations et sommes responsables du marketing». Il s’agit d’un immense défi qui exige une prise de responsabilité importante. De nombreux éléments déterminent en fin de compte le succès ou l’échec d’une nouvelle collection. Les vêtements plaisent-ils au groupe cible, aussi bien chez nous que sur le marché international? Sont-ils bien assortis à nos différentes gammes de skis? Sont-ils à la hauteur de nos principaux concurrents? De nombreuses questions se posent et il faut y répondre, sans jamais perdre sa ligne conceptuelle.

 «Ce dernier point est très important», explique Lydia. «Plus d’une centaine d’idées se présentent rapidement au moment de concevoir une collection, à partir de mille et mille modèles pêchés dans des fashionbooks et lors de fashion weeks à Milan, New York, Paris ou Londres. Et à cela s’ajoutent les innombrables influences et opinions de personnes que nous côtoyons. La machine tourne à fond pendant tout le processus de développement, on peut toujours ajouter ou adapter quelque chose, un œillet un peu différent, un bouton un peu plus petit, une fermeture éclair un peu plus grande… Le plus difficile est de prendre des décisions et de dire: c’est fini maintenant, c’est comme ça qu’on va le faire.» Cela exige une discipline extraordinaire face à une créativité sans limites, il faut du courage et de la conviction, exactement ce que Lydia a appris à New York. «En tant que designer, tu dois soutenir à 100% la collection, la défendre et fournir des arguments qui expliquent pourquoi nous faisons les choses de telle ou telle manière. Parce qu’il existe en fin de compte une quantité infinie de possibilités et que la mode est une question de goût, nous le ressentons aussi à l’interne. Toutes les coupes et toutes les couleurs choisies ne plaisent pas forcément à tout le monde, c’est normal et nous devons vivre avec, sinon nous risquons de nous perdre, et notre identité avec. Voilà pourquoi nous nous focalisons sur les opinions et les besoins de notre groupe cible. Il s’agit là de notre priorité et nous mettons tout en œuvre, jour après jour, pour offrir à nos clientes et clients une collection répondant à leurs exigences les plus élevées.»

#BuiltForShePower

 

SANS ELLE NOS SKIS SERAIENT BIEN TERNES

Les couleurs sont au centre de tous les intérêts ici: bleu, rouge, vert, jaune, blanc, noir, orange... où que l’on regarde, tout est coloré, y compris les parois, le sol et même les vêtements. Et bien entendu des surfaces de skis, en énormes quantités, avec les designs propres à chaque modèle. Certains skis sont déjà terminés, d’autres sont en phase de finition et d’autres encore sont «tout nus». D’innombrables modèles, jusqu’à 1'500 paires par semaine en période de pointe, reçoivent ici le design qui leur donne leur caractère propre. Nous sommes dans le secteur sérigraphie et c’est Tamara qui est responsable de celui-ci.

Il existe une infinité de tons différents, on le constate en regardant les nombreux éventails de couleurs que Tamara a sur sa table. Le bleu, par exemple, n’est de loin pas toujours le même. L’un est plus violet, l’autre est plus verdâtre et le troisième est si sombre qu’on dirait presque du noir. Les différences sont parfois minimes entre les différents dégradés, et pourtant elles sont décisives pour le design d’un ski. En effet, toutes les couleurs ne sont pas forcément belles sur un ski, et encore moins sur la neige, et il faut donc bien choisir au moment de définir le design.

C’est là que Tamara entre en jeu. «Une de mes tâches consiste à rendre les choix de couleur et de design adaptés à la sérigraphie. Une des premières étapes est de trouver la bonne couleur pour un ski. Je mélange, je teste et je fais des essais, jusqu’à ce que je trouve les bonnes couleurs qui se marient le mieux entre elles et qui se rapprochent le plus possible du projet original.»

Rendre les choix de couleur et de design adaptés à la sérigraphie, cela signifie qu’il faut aussi travailler sur les skis des collections futures? «Oui, exactement. Nous sommes souvent déjà en train de travailler sur les dessins de skis qui ne seront pas sur le marché avant deux ans. Nous effectuons des essais, nous testons, évaluons différentes options. Mais nous sérigraphions aussi en même temps les modèles de skis actuels et ceux qui seront mis sur le marché l’année prochaine. Nous avons toujours environ trois collections complètes en route dans notre département, et nous pensons déjà à la quatrième.»

Cela prend du temps, car la sérigraphie signifie qu’il n’y a toujours qu’un seul écran par couleur. Ainsi, si un ski a cinq couleurs – et c’est souvent le cas –, cinq écrans différents sont nécessaires. «Par écran, il faut s’imaginer un pochoir placé sur la surface du ski et à travers lequel la couleur ne passe que par certains endroits prédéterminés. La couleur doit ensuite sécher avant de pouvoir appliquer la suivante. Il faut compter 24 heures par couleur», explique Tamara. Cela veut dire que pour une surface comprenant cinq couleurs, il faut un total de cinq jours pour conclure la sérigraphie.

C’est vraiment beaucoup de temps! «Oui», confirme Tamara, qui complète: «En fait, c’est encore beaucoup plus long si on inclut tout le processus de développement d’un design. Cela demande du temps et de la créativité. Mille idées se présentent durant la phase de création, et à la fin il faut en choisir une seule. J’essaye, je teste et, avec notre designer, j’imagine des couleurs, je bricole, j’apporte ma contribution. Une chose qui me plait vraiment, c’est donner du caractère au ski en apportant des nuances. On ressent quand même une certaine fierté quand un modèle est mis en vente et qu’on a soi-même contribué au choix d’une couleur ou d’un élément de design.»

Mais le travail de Tamara à la tête de la division sérigraphie ne se limite bien entendu pas uniquement à «essayer et tester». La planification des horaires de travail de son équipe, les entretiens avec le personnel, l’achat de couleurs, la création et le nettoyage des écrans, l’impression des surfaces, la coordination et l’échange avec le service graphique font partie des tâches de son cahier des charges. Tamara doit être créative tout en maintenant un œil sur le programme de production, elle doit être à la fois artiste et organisatrice. La tâche n’est donc pas facile, car si la partie créative exige du temps, la production demande elle de la quantité. Un dilemme pour la responsable du secteur.

Tamara déclare néanmoins: «Les choses se passent toujours bien en fin de compte. J’ai une excellente équipe et nous nous soutenons les uns les autres. Nous sommes solidaires, personne ne pense qu’à soi et cela nous aide énormément.» Et pourquoi cela fonctionne-t-il si bien? «Je pense qu’en tant que leader, on a beaucoup d’influence sur la façon dont une équipe fonctionne et sur la coopération au sein de celle-ci. Quand on s’efforce d’être soi-même, toute l’équipe fait de même. Je traite tout le monde comme j’aimerais être traitée, je pense que cette attitude est cruciale.»

En écoutant Tamara parler de son travail et de son équipe, on constate qu’elle est à l’aise, que les choses se passent bien. Et quand on commence à parler de couleurs, de designs et d’échantillons, elle rayonne carrément. On perçoit que les couleurs font partie de son univers, qu’elles sont sa passion. «Les couleurs m’ont toujours émerveillée. Cela fait six ans que je donne de la couleur aux skis Stöckli, mais dans le privé c’est toute ma vie que je peins. Il est donc difficile de croire que mon appartement est entièrement blanc, n’est-ce pas?», dit-elle en souriant, avant de s’asseoir à sa table et d’ouvrir un nuancier.

#BuiltForShePower

UNE FEMME DE CARACTÈRE - AGRICULTRICE ET CONSTRUCTRICE DE SKIS

 Les mouvements s’enchainent dans un chaos organisé, on superpose les couches et on les assemble, huit au total, avec encore les carres de chaque côté et d’autres détails à ne pas oublier. Tout se fait à la main ici, chaque collaborateur connait sa place, ses tâches et les procédures à réaliser. Et au milieu de tout cela on trouve Karin, responsable du secteur assemblage & presses au sein de la manufacture de skis Stöckli.

«J’aime quand tout va bien, que tout roule et qu’on peut y aller à fond, il n’y a pas de place pour l’ennui avec moi», relate Karin, debout devant l’établi n° 2 où elle est justement en train d’assembler un ski. Tout va très vite quand on l’observe, les choses ont l’air très simples pour elle, comme si elle n’avait jamais rien fait d’autre dans sa vie. Elle connait exactement la succession de couches, sait comment placer et façonner les matériaux. Elle pourrait faire ce travail à l’aveugle, peu importe le modèle à assembler. On reconnait chez elle des mouvements de main que les autres n’exécutent pas exactement de la même manière. «Assembler un ski est comme écrire, c’est un exercice individuel. Chacun adapte à sa façon les techniques de construction. Quand un nouvel employé apprend à assembler un ski, les autres savent ensuite qui lui a enseigné la technique en le regardant travailler.» D’où cela vient-il? «Difficile à dire, peut-être parce que je travaille ici depuis 12 ans et que j’ai acquis une technique personnelle au fil des ans.»

12 ans chez Stöckli et responsable de secteur dès le début? «Non, non, c’est plus tard que j’ai assumé ce poste. J’ai commencé ici comme constructrice de skis, mais avant cela je me suis formée comme agricultrice. J’étais ici en période d’essai et après quelques jours, le chef de production de l’époque est venu me voir et m’a dit:’C’est bien, tu peux rester’. Nous avons scellé l’accord par une poignée de main.»

Karin n’est pas faite pour les tâches de bureau, c’est une femme d’action. «J’aime quand on peut travailler avec des matériaux, créer quelque chose et, au final, avoir un produit fini entre les mains. On sait alors ce que l’on a fait, on peut le toucher. Et le plus beau dans notre département, c’est que nous nous trouvons en plein cœur de la manufacture de skis. C’est ici que naissent les skis, les autres secteurs de la manufacture n’en voient souvent qu’une seule partie. Nous assemblons toutes les pièces et nous finissons le ski, de 0 à 100 pour ainsi dire, et j’aime vraiment ça.»

Et comment en arrive-t-on de constructrice de skis à responsable de secteur? «J’ai toujours aimé assembler des skis, je l’ai fait durant sept ans. Mais au fil du temps, je me suis un peu lassée. J’aime les défis dans ma vie et je voulais plus de responsabilités, plus de variété dans mes tâches. Mais le fait que je devienne responsable de secteur était en fin de compte une coïncidence. Mon chef de l’époque s’est retiré et j’ai dû assumer le poste. La tâche n’était pas facile au début, je travaillais tous les jours douze heures ou plus, j’ai dû beaucoup apprendre par moi-même, trouver des solutions toute seule. J’ai dû approfondir mes connaissances et aussi m’imposer.»

Mais ces efforts en ont valu la peine, Karin dirige aujourd’hui avec succès son secteur composé de 15 collaborateurs. Elle garde toujours un œil sur tout ce qui se passe, elle a une réponse à toutes les questions. «Ce qui est bien, c’est que je suis en quelque sorte un fruit de ce secteur. J’y ai appris et vécu tant de choses, j’ai été confrontée à tant de situations, et tout cela m’a rendue plus forte. Ce département est un peu mon bébé. Je ne me considère pas comme une employée, je gère ce secteur comme s’il s’agissait de ma propre entreprise, j’en suis responsable.» Karin renchérit: «C’est comme si c’était ma propre ferme avec tous mes moutons. Il faut s’en occuper tous les jours.»

Responsable de secteur assemblage & presses, avec 15 collaborateurs à gérer, constitue un beau défi pour Karin. Mais que cela signifie-t-il exactement? «Je suis normalement moins impliquée dans l’assemblage des skis, comme je le fais en ce moment. Mais nous nous trouvons actuellement dans la phase la plus mouvementée de l’année, jusqu’à 534 skis sont assemblés chaque jour en périodes de pointe, en y incluant les modèles de course destinés à la Coupe du monde. C’est une période stressante et la situation devient encore plus critique en cas d’absence d’employés, parce que l’hiver arrive. Alors je donne un coup de main, mais je le fais avec plaisir, je me sens impliquée.»

Quand Karin ne travaille pas à l’assemblage, elle s’occupe de la planification du personnel, organise des réunions d’employés, effectue des contrôles de qualité et des audits, est la première personne à apporter des solutions en cas de problème, discute avec le responsable R&D Skis et fournit des feedbacks sur les nouvelles idées de matériaux ou de technologies. «Je suis aujourd’hui capable de juger si de nouveaux matériaux peuvent fonctionner dans les assemblages et s’ils peuvent se marier avec les matériaux existants.»

Et les 15 collaborateurs à gérer? «Je fais ce travail avec beaucoup de plaisir, j’ai une équipe formidable. Des personnes de plus de huit nations différentes travaillent dans mon secteur. C’est passionnant, mais c’est aussi un grand défi, parce que les employés ont chacun leur propre personnalité et qu’ils ont également leurs différences en termes de mentalité et de langue.»

Karin n’est cependant pas la seule à vibrer au sein de son département. C’est le cas pour tous les membres de son équipe, qu’ils aient déjà posé les pieds sur des skis, ou non. «Chez nous tout le monde est fier de construire nos skis. Nous avons par exemple quelqu’un du Sri Lanka, qui se rend chaque année dans son pays pour visiter sa famille. Je reçois toujours des photos de sa part, assis avec sa famille dans un épais pull Stöckli par 30 degrés et dans une humidité maximum. Il n’enlèverait son pull pour rien au monde», dit Karin en riant, avant d’ajouter: «Peu importe que tu skies ou non dans notre département, l’important est de prendre du plaisir à ce que l’on fait tous les jours, c’est-à-dire assembler des skis.»

En écoutant Karin, on se rend compte qu’elle est fière de son équipe. Lorsqu’elle parle des collaborateurs de son secteur, on sent qu’elle connait très bien chacun d’entre eux et qu’elle veille sur eux. Comme une bergère qui veille sur ses moutons. «Bien sûr que je pourrais agir de forme différente», affirme Karin. «Mais si quelqu’un sait qu’il a fait une erreur, alors il est inutile que je le réprimande encore. Oui, je peux formuler une critique, mais j’essaie toujours de le faire de manière à stimuler la personne.»

Telle est Karin, toujours prête à motiver et à relever le positif, à tirer le meilleur parti de toute chose. Peu importe la situation, elle fait preuve de force de caractère jour après jour.

#BuiltForShePower

NELA 80

PUR PLAISIR DU SKI

Pour le plaisir des skieuses sportives. Un ski all mountain qui séduit par sa légèreté, sa maniabilité et son comportement joueur. Doté d’une largeur de 80 mm au patin, il est à l’aise sur toutes les pistes et toutes les neiges.

Disponible en trois longueurs: 149 cm, 157 cm, 165 cm

acheter